Vins de Savoie
 


Les vins savoyards fleurent bon les villages de chalets, les pistes de ski et les randonnées en montagne. Le vignoble, fort de quelque 2200 hectares, se partage entre les départements de Savoie et de Haute-Savoie, poussant de minces tentacules vers l’Isère et l’Ain. Très éclaté en raison de la structure compartimentée du relief, il occupe la lisière des lacs et les versants les mieux exposés des vallées. Ses principaux secteurs sont la rive méridionale du lac Léman, les abords du lac du Bourget, le carrefour de la cluse de Chambéry et de la combe de Savoie. La vigne s'accroche aux premières pentes alpines, entre 300 et 600 m. L’encépagement est original, avec des plants bien adaptés au climat : en blanc la jacquère, l’altesse (ou roussette) et le chasselas (le pendant du fendant suisse), à côté de l’aligoté et du chardonnay, en rouge la rustique mondeuse, à côté du gamay et du pinot noir. S’ajoutent des cépages inédits, comme le gringet, la molette ou le bergeron. Les vins blancs sont largement majoritaires. 



Vin de Savoie. Blanc sec de couleur pâle, plutôt léger, d’une agréable vivacité, à boire jeune - Rouge généralement incisif et porté sur le fruit, destiné à une consommation précoce lorsqu’il provient du gamay et du pinot noir, à une certaine évolution s’il privilégie la mondeuse. Les vins de Savoie tirent aussi leur charme de l’expression singulière que leur procure les crus, une quinzaine au total - ceux-ci étant indiqués sur l’étiquette, en marge de l’appellation régionale.
 



Le cru d'Apremont, au pied du mont Granier


Apremont, Abymes. Au sud de Chambéry, ces crus jumeaux recouvrent le territoire de cinq communes, dont Apremont et Les Marches, sur les anciens éboulis du mont Granier. C’est le royaume de la jacquère, qui donne des vins blancs teintés de vert, nerveux et frais, légèrement perlés en raison de leur élevage sur lie. Avec leurs arômes floraux (violette) et minéraux (pierre à fusil), ils sont à consommer dans l’éclat de leur jeunesse.


C’était en 1248. Un pan entier du mont Granier s’effondra, ensevelissant sous un chaos de pierre les villages en contrebas, et faisant des milliers de victimes. Cette catastrophe médiévale a profondément imprimé le paysage. Au fil des siècles, les terrains bouleversés ont été reconvertis en parcelles de vigne. Ils ont donné naissance aux crus Apremont et Abymes (ainsi avait-on baptisé les sinistres amas de roches), qui forment aujourd’hui le coeur de la Savoie viticole. D’énormes pans de rocher jonchent encore le vignoble, tandis qu’au-dessus du village d’Apremont veille toujours la silhouette, vaguement inquiétante, de la montagne amputée.



Chignin, Montmélian, Saint-Jeoire-Prieuré. Leurs vignes s’agrippent à l’autre versant de la cluse de Chambéry. Elles donnent principalement des blancs de jacquère, vifs, perlants, à boire dans l’année. Dominé par les ruines de plusieurs tours médiévales, le village de Chignin est le seul à cultiver le bergeron (qui n’est autre que la roussanne rhodanienne). Ses grains pulpeux et dorés rappellent en effet les petits abricots de la variété bergeron. Le Chignin-Bergeron est un blanc rond, délicat, généreusement aromatique (amande, aubépine, abricot), qui évolue bien en bouteilles.  

Arbin, Cruet, Saint-Jean-de-la-Porte. Ces trois crus s’égrènent au débouché de la combe de Savoie, le long de la vallée de l‘Isère. Ils produisent des vins blancs de jacquère, frais et minéraux, mais se distinguent surtout par leurs vins rouges de mondeuse, dont c’est ici le berceau. Tanniques et odorants, ces derniers ne doivent pas être débouchés avant 2 à 3 ans de bouteilles et disposent d’un réel potentiel de garde.
 



Vignoble de Chautagne

 

Chautagne. La Chautagne est une jolie région au nord du lac du Bourget, Outre ses trésors de vieilles pierres, c’est un pays de vin. Ses ceps se chauffent à l’abri de la montagne du Gros Foug, dont ils occupent les premières pentes. Assis sur des molasses, le vignoble donne de bons vins blancs mais doit d’abord sa réputation aux vins rouges, issus de la mondeuse, du pinot noir et surtout du gamay, dont c’est ici le fief. Fruité mais charpenté, celui-ci vieillit plutôt bien.

Jongieux. Entre Rhône et lac du Bourget, ce cru s’étend sur cinq communes, dont Jongieux, Lucey et Saint-Jean-de-Chevelu. Il fournit essentiellement des vins rouges de mondeuse et de gamay, robustes et bouquetés.

Ayze. Près de Bonneville, dans la vallée de l’Arve, ce vignoble haut-savoyard s’est spécialisé dans l’élaboration d’un vin blanc pétillant ou mousseux, issu du gringet.


Marignan, Ripaille, Marin. Au bord du lac Léman, ces trois crus sont voués au chasselas, avec des vins perlants et guillerets. Fleurant la noisette et d’amande, ils exultent dans leur fraîcheur juvénile. Le Château de Ripaille est le seul de son appellation. C’est un lieu historique en même temps qu’un haut lieu du vin. Le duc Amédée VIII de Savoie y fonda l’ordre de Saint-Maurice et en 1434, après la mort de sa femme, s’y retira comme moine. Autour des quatre tours qui subsistent du XVe siècle, une petite vingtaine d’hectares de chasselas, entourés de murs, s’épanouissent à la douceur du Chablais et donnent un vin sec et léger, idéalement apéritif. 
 



La jacquère, cépage typiquement savoyard

 

Roussette de Savoie. Blanc sec finement bouqueté (violette, pêche, noisette), tendre, velouté, vieillissant bien. Il provient de l’altesse, ce cépage dont la légende veut qu’il ait été rapporté de Chypre, au temps des croisades. La Roussette de Savoie se décline en plusieurs crus : Frangy (près de Seyssel), Marestel et Monthoux (aux environs de Jongieux), Monterminod  (aux portes de Chambéry). 

Seyssel. Blanc sec aux arômes d’iris et de violette, à la bouche délicate et onctueuse. Ce vin tranquille est issu exclusivement de l’altesse. Dans sa version effervescente (méthode traditionnelle), il est élaboré à partir d’un assemblage de molette et d’altesse. Le vignoble est à califourchon sur la Haute-Savoie (commune de Seyssel) et l’Ain (commune de Corbonod), le Rhône faisant ligne de partage.

Crépy.
Blanc sec de couleur pâle, légèrement minéral, rafraichissant et gracieux avec ses notes d‘aubépine et de noisette. On le propose souvent en version « perlante ». Le Crépy est tiré du seul chasselas, qui trouve son terrain d’élection dans les moraines calcaires qui surplombent le lac Léman (communes de Douvaine, Ballaison et Loisin). 

 

Tous droits réservés © 2013, Michel Mastrojanni (texte et photos)






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